L’éducation d’un enfant en situation de handicap transforme profondément la vie d’une famille. Cette transformation ne se limite pas aux soins ou aux démarches administratives. Elle affecte également le quotidien, l’organisation professionnelle, les finances et les choix de vie. Pour répondre à cette réalité, l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé constitue une aide financière importante. Cependant, dans de nombreux cas, cette allocation de base ne suffit pas à couvrir l’ensemble des besoins. C’est dans ce contexte que vient le complément AEEH. Cette aide financière complémentaire a pour objectif de compenser des dépenses importantes, régulières ou exceptionnelles. Mais également de soutenir les parents contraints de réduire, d’adapter ou d’interrompre leur activité professionnelle afin de prendre en charge leur enfant. Il s’agit bien d’un levier essentiel pour préserver l’équilibre familial, en dépit des contraintes inhérentes à la situation de handicap.
Le quotidien des familles et le rôle du complément AEEH
La présence d’un enfant en situation de handicap au sein d’un foyer familial nécessite souvent des ajustements importants. Afin d’assurer les soins et d’accompagner l’enfant à ses rendez-vous médicaux. Ou encore de répondre à ses besoins éducatifs particuliers. Par conséquent, un parent doit fréquemment adapter son horaire de travail. Cette adaptation peut se traduire par une réduction du temps de travail. Voire dans certains cas, par un arrêt complet de toute activité professionnelle.

Dans ces situations, les dépenses augmentent tandis que les revenus diminuent. Le complément AEEH a précisément pour objectif de rétablir un équilibre financier. Il existe six niveaux de complément, attribués selon deux critères principaux. Le montant des dépenses mensuelles non couvertes par d’autres aides et le besoin d’aide humaine (présence d’un proche ou recours à une tierce personne).
Pour faire reconnaitre le handicap de votre enfant et pour bénéficier de l’allocation et du complément, il est indispensable de soumettre votre demande de prestations handicap à la MDPH. C’est le guichet unique qui revoit votre situation et propose le plan personnalisé. Suite à l’accord de la CDAPH, vous recevrez une notification MDPH qui vous annonce vos nouveaux droits. Par la suite, c’est la Caisse d’allocations familiales ou la mutualité sociale agricole qui assure le versement des aides financières. L’objectif de la démarche est de prendre en compte non seulement le handicap en lui-même, mais également ses conséquences concrètes sur la vie du foyer.
En tant que parent isolé, vous êtes éligible à surplus. Cette majoration s’ajoute au complément et vise à compenser l’absence d’un second soutien financier. Pour y avoir droit, il vous suffit de le justifier avec une cessation d’activité ou un besoin d’aide humaine.
Complément majoré en cas de chômage, réduction d’activité ou congé
Le lien entre la situation professionnelle des parents et l’attribution du complément d’allocation d’éducation de l’enfant handicapé est primordial. En effet, la cessation d’activité, la réduction significative du temps de travail ou l’impossibilité de rechercher un emploi peuvent justifier l’attribution d’un niveau de complément majoré.
Le chômage peut être considéré comme un motif légitime s’il est directement lié à la prise en charge de l’enfant. L’arrêt d’activité doit alors être justifié et documenté. L’inscription à France Travail ne suffit pas. Il est nécessaire de démontrer que la recherche d’emploi est suspendue ou empêchée en raison de la nécessité d’être présent auprès de l’enfant. Cette justification peut prendre la forme d’une déclaration, d’une attestation d’un professionnel ou d’un suivi par un service d’aide.
Certains parents optent également pour un congé parental ou un congé pour présence parentale. D’autres sont contraints de mettre leur carrière sur pause. Dans ce contexte, le complément AEEH permet alors de rendre la situation financièrement viable. Mais attention car il ne couvre jamais la totalité du manque à gagner.

En cas de reprise d’une activité professionnelle, il est impératif d’en informer rapidement la CAF ou la MSA. Si le parent reprend un emploi à temps partiel et que l’aide humaine demeure nécessaire, le complément peut être maintenu. En revanche, une reprise à temps plein sans intervention extérieure peut entraîner la suppression du complément AEEH. Attention, la CAF procède régulièrement à des contrôles. Notamment par la demande de bulletins de salaire, d’attestations d’employeurs ou de déclarations sur l’honneur.
Formaliser et conserver toutes vos demandes
Le système repose sur un principe de transparence. Pour bénéficier d’un complément AEEH, les familles doivent fournir des justificatifs précis concernant les frais engagés. Mais aussi le temps dédié à l’enfant et leur situation professionnelle. Il est donc primordial de conserver les factures, devis, attestations et bilans.
Aussi, le formulaire de demande MDPH comporte une section consacrée au projet de vie. Bien que non obligatoire, cette partie est d’une importance capitale. Elle offre la possibilité d’exposer les contraintes de manière concrète et d’éclairer les évaluateurs sur la réalité du handicap et ses conséquences pratiques. Pour rappel, le dossier MDPH doit inclure en addition un certificat médical, un justificatif de domicile, une pièce d’identité. Et, le cas échéant, des décisions de justice relatives à l’autorité parentale.
Le complément AEEH n’est pas cumulable avec l’ensemble des aides. Il est incompatible avec l’allocation journalière de présence parentale (AJPP). Toutefois, il ne peut être combiné avec la plupart des éléments de la prestation de compensation du handicap. A l’exception du troisième volet, relatif aux aménagements ou aux surcoûts de transport. Pour toutes interrogations concernant le cumul complément AEEH et chômage ou AEEH et reprise travail, adressez-vous à un agent lors des permanences de la MDPH.