Si vous souffrez d’une maladie chronique ou d’un trouble de santé qui affecte votre vie quotidienne et votre travail, vous vous demandez peut-être si vous pouvez obtenir la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Vous n’êtes pas seul ! Chaque année, des milliers de personnes en France déposent une demande auprès de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) pour faire reconnaître leur situation. Cependant, une idée reçue persiste : il existerait une liste officielle des maladies reconnues ouvrant droit à la RQTH. La réalité est bien différente. La MDPH n’établit pas de catalogue figé de pathologies éligibles.
Au lieu de cela, elle évalue, au cas par cas, l’impact de votre maladie sur votre capacité à travailler et à vivre au quotidien.
Pourquoi certaines maladies ouvrent-elles droit à la RQTH ?
La RQTH évalue l’impact de votre maladie sur votre vie, pas la maladie elle-même. La MDPH (ex COTOREP) se concentre sur comment elle affecte votre travail et vos tâches quotidiennes. Cette approche personnalisée considère une large variété de situations, même celles qui ne sont pas des handicaps courants ou visibles.
Les critères d’évaluation se basent sur trois piliers. D’abord, l’impact fonctionnel : votre maladie affecte-t-elle vos mouvements, votre endurance ou votre concentration ? Par exemple, la polyarthrite rhumatoïde peut rendre difficile la manipulation d’objets ou le maintien en position debout. Tandis qu’un trouble bipolaire peut compliquer la gestion du stress ou des horaires. Ensuite, le besoin d’aménagements : avez-vous besoin d’un poste de travail adapté, d’horaires flexibles ou d’un accompagnement spécifique ? Enfin, l’évolution ou la stabilité de votre maladie est prise en compte. L’évaluation d’une maladie comme la sclérose en plaques, dont les symptômes s’aggravent, est différent d’une déficience stable. Comme par exemple, la surdité partielle. Il n’existe donc pas d’une liste stricte de maladies reconnues qui permet automatiquement de percevoir la RQTH.

Les maladies chroniques invalidantes, comme la sclérose en plaques, le diabète avec complications, la dépression sévère ou la schizophrénie, sont souvent reconnues. Cependant, ce n’est pas le nom de la maladie qui compte, mais son impact sur la vie quotidienne. Une endométriose sévère, une fibromyalgie ou un trouble du spectre autistique (TSA) peuvent justifier une RQTH. A condition que leur impact est clairement documenté.
La MDPH évalue toute votre situation, pas seulement les aspects médicaux. Elle considère votre environnement professionnel, vos antécédents et votre projet de vie. Par exemple, une maladie comme l’asthme sévère peut être reconnue si elle nécessite des pauses fréquentes ou une organisation de travail particulière. De même, un trouble dys (dyslexie, dyspraxie) peut donner droit à la RQTH s’il affecte votre capacité à accomplir certaines tâches, même si ses manifestations ne sont pas toujours visibles.
Quelle est la liste des catégories de maladies reconnues fréquemment pour la RQTH ?
Certaines maladies apparaissent souvent dans les dossiers acceptés par la MDPH. Connaître ces maladies peut vous aider à mieux comprendre votre situation et à préparer votre demande.
Les maladies neurologiques et neurodéveloppementales sont cruciales. La sclérose en plaques, la maladie de Parkinson et l’épilepsie affectent la mobilité, la cognition et l’autonomie. Les TSA et le TDAH sont aussi importants, surtout quand ils nécessitent des aménagements pour les difficultés de concentration ou d’interaction sociale.
Les maladies auto-immunes et inflammatoires, comme la polyarthrite rhumatoïde, le lupus et la maladie de Crohn, causent souvent fatigue chronique, douleurs et absences fréquentes. A ce titre, elles peuvent justifier une RQTH. Bien qu’invisibles, elles peuvent gravement affecter la qualité de vie et la capacité de travail.
Les troubles psychiques, de plus en plus reconnus, peuvent aussi donner droit à la RQTH. Surtout s’ils nécessitent un suivi médical régulier ou des aménagements pour éviter les situations de stress intense. La schizophrénie, en particulier, est systématiquement évaluée avec attention. Ceci en raison de son retentissement sur la stabilité professionnelle et sociale.
Les déficiences sensorielles et motrices sont des motifs classiques de reconnaissance. Des exemples comme la surdité partielle ou totale, la cécité ou la dystrophie musculaire montrent souvent un impact évident sur le travail. Cependant, l’évaluation individuelle est essentielle : une déficience visuelle légère, compensée par des aides techniques, peut ne pas suffire, tandis qu’une surdité modérée dans un environnement professionnel bruyant peut nécessiter des aménagements.
La MDPH étudie généralement avec bienveillance les cancers et leurs séquelles, en tenant compte des effets secondaires des thérapies et de la complexité de la prise en charge des maladies rares comme le syndrome d’Ehlers-Danlos ou la drépanocytose.
Comment constituer une demande de prestations à la MDPH ?
Préparer un dossier de demande de RQTH peut sembler difficile. Surtout si l’on ignore quels éléments mettre en avant. Pourtant, une bonne préparation augmente vos chances de succès. Voici quelques conseils avant de soumettre votre demande.

- Rassemblez des preuves médicales complètes
Incluez un certificat médical récent d’un spécialiste dans votre dossier. Ce document doit indiquer votre diagnostic, l’évolution de votre état, les traitements en cours, et leur impact sur votre capacité à travailler. Par exemple, pour la maladie de Crohn, votre gastro-entérologue peut noter la fréquence et la durée des poussées inflammatoires, ainsi que les limitations qu’elles causent, comme les absences, le besoin de pauses, ou les difficultés alimentaires.
Ajoutez des rapports d’hospitalisation, des résultats d’examens et des lettres de spécialistes pour un dossier complet. Mentionnez les traitements lourds comme la chimiothérapie, la dialyse ou l’immunothérapie pour que la MDPH comprenne leur impact sur votre quotidien.
- Décrivez concrètement les difficultés que vous rencontrez au quotidien
La MDPH doit savoir comment votre maladie affecte votre travail. Au lieu de dire « Je suis fatigué », dites : « Ma fatigue chronique m’empêche de me concentrer plus de deux heures. Cela rend difficile pour moi les tâches nécessitant une attention soutenue. » Si vous devez vous absenter souvent, mentionnez la fréquence et la durée.
Demandez un témoignage à votre employeur ou à des collègues pour attester des aménagements ou des difficultés. Un ergothérapeute ou un médecin du travail peut également rédiger un avis sur les adaptations nécessaires.
- Essayez d’exprimer vos besoins et vos attentes
La RQTH doit vous aider à trouver des solutions concrètes. Mentionnez clairement les aménagements dont vous avez besoin, comme un horaire flexible, un bureau proche des toilettes (pour les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin), des logiciels spécifiques (pour les troubles dys), ou la possibilité de télétravail.
Des associations spécialisées dans votre pathologie peuvent vous conseiller sur les aménagements à demander. Par exemple, l’Association France Parkinson propose des guides pour les salariés atteints de la maladie. Et l’AFM-Téléthon accompagne les personnes atteintes de maladies neuromusculaires.